Le leader du Parti de la Liberté autrichien invite l’Union européenne à créer sa propre armée et à normaliser ses relations avec la Russie.
Translator: Gérard Dussouy
Le politicien autrichien populiste Heinz Christian Strache, leader du Parti de la Liberté (FPÖ) s’élève contre la soumission de l’Europe à l’OTAN et plaide pour la création d’une armée paneuropéenne, dans une interview accordée au journal autrichien Kleine Zeitung [du 26/02/2017 : Strache will nun doch eine EU-Armee mit Atomwaffen). Selon ses termes, il faut « tirer parti » des réticences du président américain Donald Trump à maintenir le financement américain de l’Alliance Atlantique.
Un projet défensif
Le politicien autrichien souligne qu’il soutient un projet défensif, et non pas offensif, auquel sont susceptibles de collaborer les Etats qui, aujourd’hui, aspirent à devenir membres de l’OTAN. « Nous avons deux tâches principales : réguler l’économie et assumer la défense. Ce sont là les deux piliers, tout le reste est secondaire ». De surcroît, Strache affirme que les armes nucléaires doivent être une partie intégrante de la défense européenne et qu’il faut prendre en compte les arsenaux nucléaires des rares pays européens qui en possèdent un (comme c’est le cas de la France).
Etre amis de la Russie.
Au lieu « d’une OTAN subordonnée aux Etats-Unis », le leader du FPÖ invite à l’union des forces des Etats européens pour constituer un système de défense indépendant de Washington : « Si nous créons une armée européenne, nous pouvons nous protéger nous-mêmes ». A cette fin, Strache affirme que le moment est venu de sortir de l’alliance militaire et de poser les bases de l’armée communautaire. Ce qui se conçoit comme « un pas concret à moyen terme ». Dans le cas contraire, nous resterons sous le mandat des Etats-Unis qui ne cherchent qu’à nous faire payer pour le service de leurs propres intérêts et pour le financement de leur industrie militaire. Il faut donc arrêter de nourrir les Etats-Unis, assure le successeur de Jorg Haider.
Tous les conflits des pays européens avec la Russie peuvent être résolus par la voie diplomatique, précise-t-il, tout en prévenant Bruxelles que « l’on ne doit pas tomber dans l’isolement, consécutivement à la critique de la Russie et du président Trump ». Strache ajoute enfin que pour créer une « Europe continentale forte », il faut organiser une zone de libre-échange avec la Russie.
Note du traducteur (Gérard Dussouy) : Cette opinion d’un populiste aux portes du pouvoir en Autriche (élections législatives en 2018, pour lesquelles le FPÖ est donné favoris) tranche avec celle de ses homologues français. Elle relève d’une vision réaliste de la situation de l’Europe, et elle confirme que le renouveau et la réorientation de la construction de l’Europe peut venir de l’Est du continent et cela, au besoin dans un premier temps, sans la France ! Elle est en adéquation avec les propositions que nous avons défendues par ailleurs.