
18.09.2017
Gabrielle Adinolfi : Pour une Europe résolument européenne et impériale, en avant !
Auteur / autrice: Gabrielle Adinolfi
L’éditorial de rentrée de Michel Lhomme mis en ligne sur Métamag le 29 août est très intéressant. Je suis d’accord avec lui à propos de l’inefficacité d’un parti d’opposition politique. Il est aussi juste qu’il serait inutile de créer un autre parti. Je reçois avec plaisir son idée d’animer un pôle européen d’information et d’expression. Je suis heureux qu’il conçoive Métamag à cette fin.
Cela dit, je souhaite profiter de l’opportunité de pousser un peu plus loin la réflexion.
L’échec du parti de l’opposition n’est pas déterminé par la raison la plus répétée dans notre famille de pensée (trahison idéologique, faiblesse morale), mais de la conception même du parti. En démocratie, les partis servent à canaliser l’opinion publique. Pour gouverner suivant leur propre idéologie existaient autrefois les partis-cadres qu’on subdivisait à leur tour entre les partis de la classe dirigeante et les partis révolutionnaires. Les partis d’opposition n’ont aujourd’hui aucune chance de changer les choses parce qu’ils ne sont pas une expression de la classe dirigeante, ni sont révolutionnaires. J’entends ici ce terme d’une manière neutre, fonctionnelle, non idéologique. Un parti est révolutionnaire quand il a sa propre idée du monde radicalement différente de celle dominante, quand il est doté d’une école de cadres scientifiques, quand il a une stratégie et une méthodologie bien définie, quand il a une référence sociale sur laquelle il peut faire levier pour des “chantages” économiques et qui ne soit seulement sa base électorale.
Pour cette raison, plus que pour des raisons idéologiques, le «parti d’opposition» est inefficace. Cela ne signifie pas inutile, car il reste un instrument de communication, de mobilisation et de financement: pourvu qu’une minorité révolutionnaire – ou réactionnaire – sache comment l’utiliser au lieu de le suivre en nourrissant des illusions.
La Post-démocratie
À l’ère des satellites, nous sommes dans ce qu’on appelle la Post-démocratie, mais c’est en fait de la démocratie pleinement accomplie. Nous sommes principalement dans la post-souveraineté et pour l’oligarchie dominante, il est de moins en moins important d’appeler les masses à participer à travers les urnes: cela se fait à travers la télévision et les réseaux sociaux.
Dans les démocraties les plus avancées, il est rare que plus de la moitié des électeurs vote et cela ne rend pas le système instable. La proposition de Michel Lhomme de travailler au réseau militant européen (que vous appelez partisan) et de lui donner un mégaphone en ligne est parfaite. Je veux juste prévenir les préjugés démocratiques dont peu sont vraiment guéris. S’il s’agissait de promouvoir la contre-information dans l’espoir de faire comprendre aux gens ce qui se passe et de produire en eux des réactions électorales ou une désobéissance civile pour contester le système, cela serait du temps perdu. Tout se joue entre les minorités organisées; les masses se balancent et suivent toujours le plus fort. Si tout est conçu d’une manière articulée, alors l’instrument est très efficace.
À mon avis, il faut faire de la contre-information, mais s’appuyant fortement sur l’image et l’ironie.
Cependant, il faut reconnaître les minorités sociales et professionnelles qu’on souhaite atteindre et utiliser cet outil non seulement pour communiquer avec elles, mais aussi pour les organiser et les sélectionner.
Nous devons construire le leadership du Parti révolutionnaire européen (qui sera en même temps à l’intérieur et à l’extérieur des partis politiques) et cela doit être fait en travaillant sur des plans multiples, ne se contentant pas de ce que nous sommes et de ce que nous faisons.
Et nous avons, hélas, l’habitude de nous plaire et de nous satisfaire sans nous mettre jamais vraiment en cause.
Tout ce que je viens de dire fait partie de la logique du Projet Lansquenet que je promeus depuis un certain temps dans plusieurs pays européens et qui traite en même temps de l’idéal, du culturel, du scientifique, du social et de l’économique dans la logique de la synergie.